Récital Boxon est un voyage heurté, saccadé de poésies, musiques aux accents du monde. Un chant d’amour dans un monde en furie.
Bouquet hybride mélangeant des poèmes incisifs, clameurs portées par une musique s'intéressant tant à la chanson poétique qu'aux musiques traditionnelles populaires et aux musiques urbaines. Ils nous emmènent en dehors des frontières, là où la rage n’est pas négociable, où l’humour surgit soudain comme une vague.
En 2008, Maïa Chauvier crée Récital Boxon accompagnée de Ioanes (chanteur guitariste) dans le beau cabaret-théâtre "La Samaritaine", incontournable à Bruxelles. Elle se déploie sur la scène avec l'interprétation de ses propres textes pour la première fois. Lors de ses multiples rencontres, elle se lie artistiquement avec Marolito, musicien-compositeur, qui mettra en musique tous les textes du spectacle. Une longue histoire commence et s'agrandit...
Depuis lors, Récital Boxon n'a cessé de tourner dans les salles de concerts, les théâtres, les lieux associatifs, les maisons occupées, la rue, au gré des rencontres.
Poésie clamée, chantée ou scandée,
rafales de mots,
chant,
spoken word,
impossible à enfermer dans une case,
ils ne se laissent pas si facilement emmurer.
Récital Boxon jouera au festival Esperanzah à Floreffe (Belgique) le 2 août
Récital Boxon en trio jouera au Dimanche Orange à l'Atelier 210
2 place Van Meenen
1060 Bruxelles
+32 2 537 25 25
Un jour, je suis fugue
Un autre : exil
Un troisième : continent de joie
Un quatrième : contradiction
Un cinquième : brûlée à la racine
Un sixième : c’est moi qui crame l’autre !
J'ai une soif immense.
Nous avons toujours soif, n'est-ce pas ?
Malgré tous ces déserts qu’on nous balance à la gueule !
Le spectacle commence sur un fil, et puis, il est un paysage miné,
A cette minute nous sommes des funambules, demain qui sait ?
Peu importe si on garde le fil.
Il est rupture, il est fondement.
J’ai le vertige… Tu danses ?
Peur de tomber au milieu des flammes
Tu danses ?
Avec toi un jet sur le pavé
Tu danses ?
Il faudrait danser sur nos ombres dans l’absurde nécessité d’être,
sans passer à côté de son cri !
Le cri peut venir d’une autre voix,
D’une autre meute,
D’une autre solitude.
Elle n’existe pas Mona,
Elle est un cri de guerre conjugué au féminin,
Elle est une écorce brûlée sous les bombardements fratricides,
Elle est une mère des disparus à même l’amour sanguin.
Elle est ta bouche clouée à la peur, l’ineffable visage d’un génocide.
Elle est une folle, une putain, une salope, une taularde, une chômeuse, une camée.
Elle est un type à part, entre deux tirs groupés.
Elle est une brebis égarée aux aguets des foudres ou une gitane.
Elle est quatorze millions de morceaux de femmes.
Elle est mémoires vaincues, collines, forêts, montagnes,
Elle est avalanche de doutes,
Nécessité de rire affamée,
Tout ce que tu redoutes,
Ta sensibilité avalée.
Elle est rage, poudre, sang, drame, ton cœur irradié cent fois.
Elle est ta gueule blafarde sous les néons multicolores et les miroirs.
Elle est ta peau maquillée de puces digitales.
Elle est mauvaise herbe vomissant les trottoirs.
Les exhortations chirurgicales à l’ordre social.
Elle est une lèvre bleue vociférant les foules accélérées.
Elle est une grande fête ensorcelée.
Elle est une insulte échouée dans les filets de l’institution démocratique.
Un jeune sur une rue buté par trois flics.
Elle est tremblement de visage en hôpital psychiatrique.
Elle est un quartier détruit sous les temples des technocrates.
L’abondance servile et ses foutues matraques.
Elle est une poésie morte sur un parking jonché de seringues.
Un rêve noué dans une corde et sa plainte.
Elle est des noms multiples balafrant les nations et leurs frontières.
Les braises de 107 papiers destinés à ton cul que te réclament les allocations policières.
C’est une histoire clandestine, tendre, brutale, ivre.
Elle est dans les ventres.
Elle te prend à la chair,
Sans partition.
Elle frappe la terre rouge de ses pieds nomades.
Les yeux dressés vers les étoiles.
Les sonorités logées au cœur de nos étrangetés.
Aucune académie phonétique.
Des sons… innommables oiseaux migrateurs…
Des mains, pieuvres lumineuses.
Elle danse, accrochée aux histoires vaincues,
Sans aucun certificat d’identité.
Elle est une énigme…
Illuminée par les bûchers.
Dictée, prenez vos cahiers… alors je commence.
Mireille est assistante sociale, virgule, psychologue, virgule, éducatrice, trois petits points...
Elle aime beaucoup les enfants. Point.
Surtout, virgule, les enfants pauvres, virgule,
Les enfants malades, virgule, les enfants défavorisés. Point à la ligne.
Mireille a le cœur sur la main. Point.
Mireille a une âme charitable. Point.
Mireille aurait (futur antérieur !) voulu être, le Jésus des Chrétiens, virgule,
la Rosa du Luxembourg, virgule, la lady de Diana, virgule, le chien de Pavlov. Point.
Mireille, virgule, veut le bien. Point.
Mireille veut découvrir ce qu’il y a dans le coco des enfants pas sages. Point.
Mireille dit, deux points, ouvrez les guillemets : « ils ont besoin d’être cadrés ». Point. Je répète, écrivez !
Mireille dit, deux points, ouvrez les guillemets : « ils ont besoin d’être cadrés ».Fermez les guillemets. Point à la ligne.
Mireille croit aux enfants. Point.
Mireille veut être la maman des orphelins. Point.
Mireille dit, quand ils s’en vont, deux points, ouvrez les guillemets : « j’ai du mal à couper le cordon, je suis leur maman en quelque sorte. ». Point. Fermez les guillemets. A la ligne.
Quand Mireille est gentille, virgule, les enfants sont méchants. Point.
Quand Mireille est méchante, virgule, les enfants sont…Méchants. Point.
Mireille ne comprend pas. Point.
Mireille veut les comprendre. Point.
Mireille dit : deux points, ouvrez les guillemets : « ils ne sont pas comme nous , ils sont atteints d’une certaine pathologie». Point. Fermez les guillemets, à la ligne.
Mireille aime les enfants atteints d'une certaine pathologie. Point.
Mireille a organisé une grande fête pour les enfants atteints d'une certaine pathologie. Point.
Mireille les a fait chanter devant un public. Point.
Les enfants ont chanté comme Mireille a voulu qu’ils chantent. Point.
Il y avait des guirlandes et des ballons partout. Point.
Mireille avait invité le bourgmestre de la commune. Point.
Mireille avait autorisé le baby foot. Point.
Des enfants ont disparu. Point.
Des portefeuilles aussi. Point.
Une poubelle a cramé. Point.
La fête a fini en bagarre générale. Point.
Les enfants se sont moqués devant le bourgmestre. Point.
Les enfants l’ont traité de « sale pute, pouffiasse, enculée de sa race ».
La fête de Mireille s’était si bien passée. Point.
Les enfants avaient si bien chanté. Point.
La fête maintenant est ratée. Point.
Mireille pleure. Point. Mireille ne comprend pas. Point.
Mireille a tout fait pour eux. Point.
Mireille voulait leur apprendre à vivre mais Mireille aime-t-elle la vie ?
Point final.